Condé-sur-Marne

Sortie du lundi 20 mai 2019

Sortie à Condé-sur-Marne, organisée avec l'association Histoire et Patrimoine, créée en 2017, qui a présenté l'histoire de Condé, du canal, de l'usine hydroélectrique (extérieur), de la halle et de l'église Saint Rémy.
Pour en savoir plus sur l'usine, élément du patrimoine industriel de la Marne :

http://www.patrimoineindustriel-apic.com/documents/conde%20sur%20marne/csm.html

Pour en savoir plus sur le patrimoine de Condé (site de la mairie) :

http://www.conde-sur-marne.fr/la-commune/son-patrimoine/

Carte du Pays et Diocèse de Reims / dessigné par Jean Jubrien, Chaalonnois, 1623 - Source : Gallica
Carte du Pays et Diocèse de Reims / dessigné par Jean Jubrien, Chaalonnois, 1623. A Monseigneur, Monseigneur le Reverendissime Gabriel de Ste Maris, Archevesque Duc de Reims - Source : Gallica

Les premières traces d'occupation humaine sur le territoire de la commune remontent à la Préhistoire. Des vestiges (restes de palissades, bâtiments et silos) du mésolithique moyen (7500 av. J.-C.) et du néolithique final (4000 av. J.-C.) ont été retrouvés. D'autres vestiges gallo-romains et médiévaux (tessons de céramique, morceaux de tuile) ont aussi été mis au jour.

 

La première mention écrite du nom de la commune date de 850 : Condiacum (cartulaire du chantre Guérin).

On trouve ensuite le nom de Condetum supra Matronam, Condati ou Condiacum) dans les archives de l'abbaye de Saint Remi de Reims au XIIIe siècle. 
Source : Longnon A., Dictionnaire topographique du département de la Marne, 1891, p. 71.

Le village était assez important et était le chef-lieu de deux autres villages Brabant et Clairefontaine (aujourd'hui disparus).
Le village détruit de Brabant est cité en 1196 : Braiban, altare de Braibant (chapitre de Reims, 1. Brabant) et vers 1197, Braiban juxta Condatum (cartulaire B de Saint Remi, p. 153). Un moulin, un hameau et une église sont mentionnés par les sources. Le hameau de Brabant est cité une dernière fois en 1735 (Saugrain, t. I, p. 469).
L'église paroissiale faisait partie du doyenné d'Epernay et était consacrée à saint Sulpice. Le titre de cure est supprimé en 1674 par l'archevêque de Reims. Il subsistait un lieudit Le Brabant, visible sur le cadastre de 1826, section B3 du Village, avec le Moulin de Beauté sur le ruisseau d'Isse.

Clairefontaine est cité en 1215 : In alodio de Condeto tam in nemore quam in pratis, in villa que Clarus Fons nuncupatur et in Condeto (cartulaire de Saint Remin f°30 v°).
Il est possible qu'il reste une pierre de l'ancienne église Saint Sulpice de Brabant, utilisée en remploi dans l'église Saint Rémi de Condé.

Le village possédait un port pour le transport du bois, qui a ensuite servi au transit de plantes fourragères et de grains.

Il y avait trois moulins sur son territoire sur le ruisseau d'Isse.

Il comptait 500 habitants en 1789 et 823 en 2016.

La situation de confluence du village peut expliquer son développement : présence d'un axe de circulation allant de Dijon à la région parisienne en passant par Chaumont, Gourzon, Châlons et Epernay, puis creusement du canal de la Marne (1836), du canal de la Marne à l'Aisne et installation de la voie ferrée (en 1849 à Épernay).

Le chemin de fer de la Banlieue de Reims (ou C.B.R.) passait à Condé. Il a été exploité jusqu'en 1937.
La via Francigena, chemin emprunté par les pèlerins allant de Canterbury à Rome, passait également à proximité de Condé.

Le canal latéral à la Marne

"Le tracé initial du canal devant aller de Saint-Dizier à Port-à-Binson fut raccourci en raison des difficultés de réalisation.
Construit de 1836 à 1845, il mesure 67 kilomètres, démarrant de Vitry-le-François pour rejoindre la Marne à Dizy. À partir de là, la Marne est navigable jusqu’à Paris. Il comporte 15 écluses et est utilisé par des péniches de type Freycinet de 250 tonnes. Il traverse la Saulx par le pont-canal de Vitry et utilise les ponts-canaux du Canal Saint-Martin et de Clamart à Châlons-en-Champagne.
Il rejoint le Canal de la Marne au Rhin (construit de 1838 à 1853) et le Canal de la Marne à la Saône (1862-1906) à Vitry-le-François.
Il est alimenté en eau grâce au barrage de Couvrot sur la Marne.
Le canal latéral était très utilisé car il reliait Paris à l’est de la France et permettait la liaison entre les centres miniers du Nord de la France et les régions industrielles de Lorraine et de Haute-Marne."

Ce canal a également été utilisé en 1914-1918.

Carte itinéraire des voies navigables de la France d'après le Guide officiel de la navigation intérieure 1911  - gallica.bnf.fr
Carte itinéraire des voies navigables de la France d'après le Guide officiel de la navigation intérieure 1911 - Source : Gallica.bnf.fr

 Le Canal de l’Aisne à la Marne
"À l’origine, vers la fin du XIXe siècle, il s’agissait de concevoir une grande rocade fluviale de contournement de la région parisienne par l’est.
Commencé en 1841, le Canal de la Marne à l’Aisne fut mis en service en 1866. Sa réalisation connut de nombreuses difficultés liées au sous-sol. Les pertes par fuites dans le sol calcaire vont obliger à maçonner la majeure partie du trajet entre 1857 et 1861. Long de 58 km, il relie Berry-au-Bac à Condé-sur-Marne, comporte 24 écluses et emprunte le pont-canal de Sillery et le souterrain du Mont-de-Billy."

Texte de présentation rédigé par l'Association pour le patrimoine industriel de Champagne-Ardenne.

L’usine de pompage des eaux de Condé-sur-Marne

Source : http://www.patrimoineindustriel-apic.com/documents/conde%20sur%20marne/csm.html
Usine de montée des eaux de Condé-sur-Marne, site internet de l'Association pour le patrimoine industriel de Champagne-Ardenne.

"Le canal de la Marne à l'Aisne est alimenté par l'eau puisée dans la Marne. Elle s'élève de 20 mètres jusqu'à un aqueduc et est amenée par une rigole couverte jusqu'au bief de partage de Vaudemanges.

 

La provenance de l'eau
Le canal de jonction à bief de partage relie deux cours d’eau en franchissant le relief qui les sépare appelé la ligne de partage des eaux. Il est alimenté en son sommet par des réservoirs et tout un réseau de rigoles d’alimentation. C’est le cas du Canal de l’Aisne à la Marne, approvisionné en eau par les pompes de l’usine élévatrice de Condé-sur-Marne.

 

Cette usine a été réalisée de 1867 à 1869 dans un bâtiment de 60 m x 15 m, d’une hauteur de 13,50 m, sans pilier à l’intérieur.
Elle a d’abord utilisé l’eau qui venait depuis Châlons par la rigole d’alimentation. Cette eau, par le truchement d’une chute à l'entrée du site, et grâce à l'énergie hydraulique, servait au fonctionnement de l'usine en actionnant les pompes refoulantes.
Ces pompes refoulaient l'eau par deux canalisations enterrées jusqu'à un aqueduc distant de 500 mètres environ. Elle s'élève de 20 mètres jusqu'à cet ouvrage d'où elle est amenée par une rigole couverte jusqu'au bief de partage de Vaudemanges.

 

Un nouveau bâtiment sera construit entre 1923 et 1927 à la  place du jardin et une troisième canalisation mise ne service en 1920.
Les pompes seront dorénavant actionnées par des moteurs diesel Sultzer.

En 1953, on remplace les moteurs diesel par des groupes turbo alternateurs qui produiront ainsi de l'électricité.
Les pompes seront alors actionnées par l'électricité, la production excédentaire étant utilisée par E.D.F.

La production d'électricité devient de moins en moins utile et E.D.F. ferme l’usine d'électricité en 1983. La rigole d’alimentation qui fuyait est abandonnée.
L'eau est maintenant directement pompée dans la Marne par trois électro pompes submersibles plongées dans le bassin aval.

L'électricité produite a servi à l'alimentation de tracteurs de péniches qui tiraient les péniches sous le tunnel du Mont de Billy.
Ce tracteur à quatre roues motrices, d'un poids de 12 tonnes, pouvait remorquer des trains de plusieurs péniches à 4 ou 5 hm/h. Ils ont été utilisés de 1940 à 1974."
Texte de présentation rédigé par l'Association pour le patrimoine industriel de Champagne-Ardenne.

La halle

L'origine de la construction de la halle n'est pas connue.
Elle a été déplacée en 1844, lors de la reconstruction du quartier de la rue de Châlons, détruit en 1842 par un incendie. Les tuiles sont alors enlevées et remplacées par des ardoises.
La halle était gérée par l'abbaye de Saint Remy de Reims et a été vendue à un particulier par les révolutionnaires. Elle a ensuite été rachetée par la commune le 1 Messidor de l'an VII (19/6/1799) pour la somme de 8014 Francs. Elle est ensuite louée en 1807 puis laissée à l'abandon, servant de hangar pour les charrettes. En 1821, devant l'état de délabrement, le maire de l'époque, Remy Varnier, , envisage de la démonter pour y construire une école en remplacement de celle, insalubre, se trouvant dans une des granges du presbytère. Mais devant le tollé de la population, le projet fut abandonné et la halle refaite à neuf. Le bois de l'ossature du monument, en châtaignier, date probablement de cette époque.
Pour en savoir plus :

http://www.conde-sur-marne.fr/la-commune/son-patrimoine/la-halle/

L'église Saint-Rémi de Condé-sur-Marne

L'église Saint-Rémi de Condé
Il existait au IXe siècle une chapelle dédiée au Saint Sauveur.
Elle a été remplacée au XIIe siècle par l'église Saint-Rémi, édifice dont il ne reste que la tour-clocher et l"entrée.

La tour-clocher est dite en "pain de sucre", composée de 4 étages séparés par des corniches.
Le reste de l'église a été reconstruit en plusieurs étapes, aux XVe et XVIe siècles (éléments de style gothique flamboyant.

L'église possède un petit porche occidental sous auvent de style Renaissance, époque Henri II, avec des croissants entrelacés Diane de Poitiers très visibles dans les écoinçons.
Elle possède aussi un porche sous appentis du XIIe siècle.


Dans la nuit du 2 au  3 mai 1917, une grande partie de l'église est démolie par des bombardements. Seuls la tour romane, les porches et quelques pans de murs restent debout.

Tout le mobilier de l'église a également disparu.

L'église est classée Monument Historique par arrêté du 6 mars 1918.

Le 13 juin 1940, le clocher est détruit.
La restauration de l'église est achevée le 10 août 1941.



Consulter la base Mémoire (photographies et en particulier photographies des dommages de 1914-1918)

 Consulter l'historique de église (page du site de la mairie)

L'inscription funéraire (1428)

Dans l'église Saint Rémi se trouve une inscription rappelant une dotation de 1428, dont le texte a été transcrit par Jean-Charles Herbin pour cette visite.

L'ensemble semble avoir été remanié et déplacé (voir pierre en bas à droite).

"[Ou] nom du Pere et du Filz et du Saint Esprit, saiche[n]t tuit que pour les <??> |
quelx ci <??> Jehan Pariset, couturier 1 a son vivant, demourant a Ch– 2 |
<??>ure de ??ans les mareliers sont et seront tenus d’or en avant |
faire celebrer chacun an perpetuelement une messe de requiem avec vig<iles> |
et commendises la premier[e] sepmaine de mars pour le salut de l’ame dudit |
Pariset après son trespas et dez maintenant de la <?>e et tous leurs amis et |
de ce et 3 chargee une charriere 4 apartenant a la fabrique comme il apert |
par lettres faites soubz 5 seel royal du XVIIIe jour de mars l’an M.CCCC. et |
.XXVIII ; et, ou cas que les mareliers 6 presans et pour le temps |
 advenir defaudroient de faire chanter ledit service, ledit Pariset |
ou ses aians cause les pourront  co[n]traindre et ausy les habi- |
tans de la vile qui se sont soubmis a ce faire ; et a donné ledit Pariset |
.II. imagez 7 a l’eglise et pour tant, vous qui par ci passés, priés Dieu pour les trespassés."


Notes

 1 On trouve la trace d’un Jehan Pariset institué maître couturier dans une ordonnance du bailli de l’évêque de Châlons-sur-Marne (7 octobre 1421), Cartulaires de l’évêché et du chapitre Saint Étienne de Châlons-sur-Marne, éd. Édouard de Barthélémy, Châlons / Paris, 1853, p. 63 ; d’après la date donnée par l’inscription (1428),  il doit s’agir de la même personne.
Couturier : "cultivateur"
2  La majuscule est restituée ; Châlons ?
3 Peut-être pour est.
4  Probablement un droit de passage donné comme rente.
5  Avec un u ajouté suscrit sans doute après coup.
6 Marelier : "marguilier", celui qui a soin des affaires temporelles d'une église notamment de la fabrique (biens et réserves d'une église)
7 Graphie pour images ; probablement des statuettes.

Les croix boulées (XVII-XVIIIe siècles)

Cette sortie a été l'occasion de voir les graffitis anciens qui sont particulièrement nombreux sur les murs de l'église, ce qui a déjà été relevé lors des Journées du patrimoine de 2018. On note parmi eux la présence de croix dites croix "boulées".

Les croix « boulées »

Sur les murs de nombre d’églises de notre région (surtout en Argonne aux confins des Ardennes) figurent des gravures spécifiques, cataloguées sous le terme de « croix boulées ».

Plusieurs chercheurs se sont penchés sur leur origine (date) et leur signification. La présentation qui suit s’efforce de présenter les hypothèses auxquelles ils sont arrivés.

D’après les spécialistes, la plupart de ces croix datent des XVIIe et XVIIIe siècles (dans certains villages, il semble que quelques-unes soient plus tardives).

Avant la Révolution, dans les cimetières des villages, il n’existe que des fosses, il n’y a pas de tombes monumentales. Aussi les proches des morts, comme les fossoyeurs, doivent se repérer. Les croix boulées gravées sur les murs extérieurs des églises seraient un bon moyen pour les uns de se rappeler où sont inhumés les membres de leur famille, pour les autres d’organiser la disposition des fosses.

Les boules, sans doute creusées à l’aide d’un clou ou d’un poinçon, sont profondes et, en général, coniques. Étaient-elles tracées en premier pour servir de butoir pour les branches ? On peut le penser en constatant que dans certains cas, ces boules ne sont pas jointes par des droites.

Si la croix latine reposant sur un socle triangulaire est la forme dominante, il existe nombre de variantes difficiles à interpréter : différenciation entre les familles, les époques, plans plus ou moins complexes (des carrés basés sur 9 boules, par exemple).

Certaines croix sont accompagnées de dates, d’initiales, voire (mais rarement) de noms, souvent difficiles à déchiffrer, le temps ayant fait son œuvre.

A l’intérieur de l’église, on retrouve les dalles qui marquent les lieux d’inhumation des seigneurs et des bourgeois qui souhaitaient être enterrés le plus près possible des lieux saints, espérant qu’il en serait de même dans l’au-delà. Les gens du peuple n’avaient pas les moyens financiers d’offrir ce privilège à leurs proches. Ces gravures sont donc la seule trace qu’ils ont pu laisser.

Serge BONNET, dans un article publié dans Horizons d’Argonne, a proposé une étude détaillé d’un corpus de croix boulées qu’il avait relevées sur les murs extérieurs des églises des environs de Sainte-Menehould. Il a tenté d’en comprendre le « langage » (aussi complexe que les hiéroglyphes ?).

Vu la fragilité de ces gravures face aux usures du temps et aux travaux effectués sur les édifices, il est important de procéder à des relevés de ces croix : photos et indications des emplacements sur un plan.

Dans un deuxième temps, il est intéressant de croiser ces relevés avec d’autres sources. L’un des principales est les registres de baptêmes, mariages, sépultures dont les renseignements peuvent permettre de compléter les informations gravées à côté des croix (sans aller trop vite dans les interprétations).

 

Serge BONNET, « Le Patois des Croix », Horizons d’Argonne n° 45, 1982 et Horizons d’Argonne n° 46, 1983.

Article repris dans le numéro spécial Hommage à Serge Bonnet de juin 2017, p. 69-91.
Cette synthèse a été rédigée par Dominique Tronquoy.

 

Bibliographie sur Condé :

Abbé Constant Paulet, Mon fief sur la Marne : notes historiques sur les villages de Vraux, Aigny-sur-Marne, Condé-sur-Marne, Isse..., Guénange, Moselle, Impr. du Centre professionnel, 1967, 251 p.